10/5/2019 3 Commentaires Une conférence mémorable3 octobre 2019. Montréal. Colloque de la CSN portant sur le trouble de stress post-traumatique.
Je suis invitée comme conférencière pour parler de ce diagnostic qu'est le TSPT chez les intervenant.e.s d'urgence. Mais élément plutôt rare, je ne présente pas seule. Je suis accompagnée d'un chercheur/professeur/clinicien qui, depuis mes débuts en intervention, guide mes connaissances sur le sujet et m'inspire comme personne. Je suis plutôt fébrile, avouons-le, de présenter côte à côte avec cet homme impressionnant. Une fois ce choc passé, laissez-moi vous identifier quelques éléments qui, je pense, seront utiles si le sujet vous passionne. - Le TSPT fait suite à un (ou des) événement(s) à potentiel traumatique... mais qui dit événement traumatique ne dit pas toujours TSPT (ouf). - Les intervenants d'urgence sont beaucoup plus à risque de développer un TSPT car ils font face, au cours de leur carrière, à un nombre variant entre 600 et 850 événements à potentiel traumatique VS la population générale qui en vivra 2 ou 3 (McKay & Gravel, 2016). - Divers tabous font en sorte que les intervenants d'urgence ne demandent pas d'aide... et ce sont ces pensées erronées qu'il faut combattre afin de déstigmatiser la demande d'aide. - Alain Brunet nous a présenté de manière très vulgarisée la thérapie de reconsolidation (aussi appelée Méthode Brunet). Il énonce que cette thérapie guérit (le mot est volontairement choisi) 70 à 84% des personnes atteintes de TSPT (pour en savoir plus: https://www.reconsolidationtherapy.com). - Les participants se voient donc sensibilisés à cette forme d'aide et reçoivent les coordonnées du projet Phénix visant à aider les premiers répondants. *** C'est donc sur une note d'espoir que notre conférence de 3 heures et demi s'achève... nous laissant face à des participants fascinés et enclins à dénoncer les tabous (yé!). Souhaitons que les barrières continueront de s'abaisser face à cette difficile épreuve qu'est le TSPT et je m'engage à continuer cette mission. #TSPT #formation #Urgence #Crise #Intervenants
3 Commentaires
Le 10 juin dernier, soit il y a déjà 3 mois, je recevais le prestigieux prix Réjean-Marier décerné par l'Association Québécoise de Prévention du Suicide. Ce prix méritas souligne l'intervenant.e de l'année en prévention du suicide.
Dans le texte qui l'accompagne, l'AQPS souligne ma contribution à aider une population plutôt laissée pour compte. "La pression du superhéros et les tabous liés à la demande d’aide sont au cœur de ses préoccupations" (Communiqué de l'AQPS, 2019). Ce fut, disons-le, une journée marquante dans ma carrière... mais plus encore, ce fut pour moi un moment de refaire la promesse de continuer de travailler pour cette clientèle qui souffre en silence. Ce fut aussi le moment de parler de ces fantômes qui hantent bien des intervenant.e.s d'urgence. *** En ce 10 septembre, c'est à vous que je m'adresse, intervenant.e.s d'urgence. Le suicide est souvent envisagé comme une solution alors que la vie est trop lourde... alors que des traumas vous hantent... alors que d'autres problèmes familiaux, conjugaux, professionnels ou personnels s'ajoutent à votre détresse. Je vous invite donc à prendre soin de vous. À demander de l'aide si le suicide s'avère pour vous une solution. Vous recevrez sans doute plus de soutien que ce à quoi vous vous attendez... vous verrez sans doute, avec de l'aide, plus clair sur votre situation. Au nom de toutes les personnes endeuillées par suicide, je vous le garantis... le suicide fait mal. Vous pensez certes que ce sera un dur moment après votre mort mais qu'après, les gens seront soulagés de ne plus vous avoir... et bien c'est FAUX. Je ne le répéterai jamais assez: demander de l'aide est un signe de force, pas de faiblesse. #suicide #urgence #travailsocial #crise (Source de la photo: AQPS, 2019). **Sujet sensible - suicide**
Hier, j'ai vécu un autre volet de mon travail, une partie à laquelle j'ai plus rarement accès... soit constater, lors de funérailles, l'ampleur de la tristesse des proches alors qu'une personne se #suicide. Les #endeuillés sont si impuissants devant ce geste... J'écoutais les hommages portés à cette personne et je me disais que bien souvent, on oublie de dire aux gens qu'on les apprécie, alors qu'ils sont encore là... Est-ce que cette personne aurait évité le suicide si on lui avait autant témoigné de son vivant? Je n'en ai aucune idée mais chose sûre, c'est triste de voir une personne être autant aimée et la savoir suffisamment désespérée pour passer à l'acte. Alors au risque de paraître moralisatrice, prenons le temps de signifier aux gens l'importance de leur présence dans nos vies... ne sous-estimons pas la tristesse, la détresse, le désarroi... la fatigue de compassion, la dépression, les traumatismes des gens autour de nous. #RIP chère personne ! Le 10 septembre, j'allumerai une chandelle pour toutes ces personnes qui luttent pour ne pas passer à l'acte.
J'allumerai aussi une chandelle pour toutes ces personnes endeuillées par suicide que je côtoie. J'allumerai aussi une chandelle pour toute ma clientèle qui choisit de me faire confiance plutôt que de se suicider... Enfin, j'allumerai une chandelle pour toutes ces personnes parties trop tôt... luttant contre leur désarroi et ayant choisi ce moyen afin d'arrêter de souffrir... Et je continuerai de passer ce message contre tous les tabous liés au #suicide... Pendant cette période de vacances qui commence avec des situations difficiles pour la clientèle que j'aide... j'ai eu la chance de donner une entrevue à la radio de Radio-Canada de Québec sur l'aide offerte aux intervenant.e.s d'urgence à la suite de situations potentiellement traumatiques.
C'est ironique que cette demande d'entrevue survienne ce matin car depuis hier, je dois avouer qu'à la suite du suicide de l'agent Bigras de la SQ (RIP), je tente de trouver l'angle pour parler de la détresse chez les intervenant.e.s d'urgence sans verser vers le sensationnalisme et la récupération à des fins mercantiles. La proposition de Radio-Canada tombe donc à point car elle m'a permis d'expliquer comment s'offre l'aide aux policiers, notamment, à la suite d'interventions à potentiel traumatique. Pour écouter cette entrevue, cliquez sur l'image (23 juillet, 7h52) #détresse #prévention #suicide #travailsocial #urgence #crise #TSPT #police #pompiers #paramedics #CTAQ #PairsAidants #ASC Les dernières semaines ont été fort occupées pour moi... Divers événements se sont produits et certains ont eu plus d'impact que d'autres.
Comme vous avez certes pu voir passer sur mes réseaux sociaux, le Prix Réjean-Marier m'a été attribué par l'AQPS comme intervenante de l'année en prévention du suicide. Juste pour vous expliquer, j'ai été sous le choc lorsque l'appel est entré pour me signifier que je méritais ce prix. Depuis 22 ans, je me plais à dire que je suis "sur ma planète" (comme le Petit Prince) lorsque je suis dans le milieu de l'Urgence. Je m'aperçois aussi à posteriori que tout ce que je fais en lien avec la prévention du suicide, l'enseignement, la formation en entreprise, la crise, la santé mentale me rend plus heureuse que le reste. Après avoir réalisé tout cela, après avoir eu également la chance qu'au même moment, débute pour moi un projet d'envergure, un projet que je caresse depuis mes débuts comme jeune travailleuse sociale, je peux dire que j'adore le "terrain". En effet, la CTAQ, comme vous avez sans doute aussi pu voir passer, m'a choisie pour mettre sur pied un programme de Pairs Aidants pour les techniciens-ambulanciers-paramédics et les autres membres de la Coop. Quelle chance de pouvoir mettre à profit ces nombreuses années de terrain pour des gens qui veulent apprendre. Or, à la suite de ces importants constats, un seul petit irritant occupait mes pensées: et qu'est-ce que le doctorat fait dans tout ce cheminement? Passionnée par la recherche, certes. Passionnée par mon sujet, oui! Mais la flamme n'est pas la même que celle qui brûle en moi quand vient le temps de monter un programme, quand vient le temps de dispenser des contenus, quand j'ai la chance d'être "dans l'action". Or, ce long texte n'a qu'un seul objectif: vous dire que prendre des décisions pour soi... de revenir sur un projet qui nous tient à coeur mais qui n'est plus cohérent avec sa vision, c'est libérateur. C'est un peu tristounette mais assurée d'avoir fait le bon choix que j'ai fermé la porte de la recherche. Pour toujours? Je ne sais pas... mais une chose est certaine, pour le moment, ma place se trouve "les deux pieds sur le terrain". Je vous souhaite le même bonheur à choisir pour vous!!! Psssst: visiblement, je ne suis pas la seule: https://www.sciencemag.org/careers/2019/06/it-s-ok-quit-your-phd?fbclid=IwAR0UMquOwILSEAZ2IxVETeS_imLof7NU5h2DfPHKhwat6BJjnvJXi5-XAk0 MERCI à l’AQPS. Quelle reconnaissance INCROYABLE… merci d’avoir accepté parmi vous quelqu’un qui a un parcours DIFFÉRENT. Merci aussi aux personnes qui ont soumis ma candidature.
Je me revois. 15 septembre 97. Moi, mes 21 ans, mes broches et ma boite à lunch, nous faisions notre entrée au Service de police de la Ville de Lévis. Aussi déterminée que naïve, j’y mettais les pieds pour la 1ère fois. Les épaules droites, les yeux brillants en d’dans… ouff… je l’avoue, j’étais TOTALEMENT nerveuse. Une conversation, puis une autre. Rapidement, je voyais UNE différence. J’aidais des gens, des humains, du monde à qui on demande d’être des Supers Héros, ceux qui portent le titre de POLICIER à mieux vivre avec le stress. Je lance souvent à la blague que j’ai probablement dit le mot POLICE avant même de dire PAPA ou MAMAN… Du monde de la POLICE à celui de l’URGENCE, il s’est en passé des événements. Les deux pieds sur le terrain, avec mon bagage en intervention en travail social, sur le suicide, en formation collégiale et universitaire, mais aussi dans les milieux de l’urgence, je dois dire que je suis fière de vous. Plusieurs tabous s’effondrent, on parle de plus en plus de la demande d’aide des différents intervenants. Pompiers, agents des services correctionnels, répartiteurs, militaires, paramédics… y’a un peu de CHACUN d’entre vous dans la reconnaissance que je reçois CE SOIR. Le mélange TRAVAIL SOCIAL et URGENCE ne fait que commencer. Vous voyez ici mes amis, les PARAMÉDICS de la CTAQ avec qui je travaille à monter un programme de pairs aidants, de l’aide entre collègues. ENSEMBLE, et c’est le mot le plus important, nous allons travailler fort afin de ne plus avoir à faire face à la mort volontaire d’un intervenant d’urgence. Au comité de l’AQPS, encore MERCI pour ce prix. Je suis partie en affaires il y a maintenant 4 ans presque jour pour jour… c’est GIGANTESQUE de recevoir une mention pour cette aventure, pour une décision que j’ai prise avec tout mon COEUR. Aujourd’hui, ma naïveté est sans doute moins grande mais ma passion l’est tout autant. Je me revois, 15 septembre 97. Moi, mes 21 ans, mes broches et ma boite à lunch. MERCI! Merci! C'est hier que se terminait la semaine qui te rend hommage, chère institution policière... mais j'avais envie d'en profiter pour te dire quelques mots.
Depuis que je suis toute petite, tu me fais rêver... Je caressais fort fort l'idée de joindre tes rangs et ce, dès mes 2 ans si mes souvenirs sont bons. Mes proches ont souvent dit à la blague que j'ai sûrement dit POLICE avant de dire papa ou maman... Toute mon adolescence, j'ai pris le pari de rester sage, car je voulais tellement devenir cette technicienne en scène de crime tant espérée. Un jour, par une chance ou un hasard, je me suis rapprochée de toi... tu étais là, à essayer de nouvelles façons d'être... tu parlais de police communautaire (désolée mon ami Y, je sais que ça ne se dit plus) ;) Et cette nouvelle forme de travail m'a permis de penser que je pourrais peut-être joindre tes rangs... Mais ironiquement, malgré mes super bonnes notes et mon comportement irréprochable, tu n'as pas voulu de moi... tu m'as rejetée parce que mon genou droit n'était pas en forme... je n'ai pas baissé les bras... Au même moment, la Sûreté du Québec pensait promouvoir des civils à titre de sergent-détective... était-ce ma chance? C'est alors que je me suis inscrite au Cégep en sciences humaines, même pas de maths... Qui a besoin de maths pour être policière? Sans doute plus que je ne le croyais à ce moment, m'enfin... Rendue au moment de faire mes choix pour l'université, voilà que je rencontre une conseillère en orientation qui, à la différence de celui du secondaire qui me parlait du DEP en esthétique (WHATTTT!!!), me proposait la criminologie (non merci Montréal et Ottawa) et le travail social... Perspectives intéressantes, ajoutait-elle... Si jamais mon projet de vie avec toi, chère police, ne fonctionnait pas, je pourrais joindre les rangs de ta cousine, la division des services correctionnels... voilà que la lumière apparaissait au bout du tunnel... Ce baccalauréat en travail social m'a joué tout un tour: je suis aussi tombée en amour avec lui... m'enfin, je ne voulais pas choisir entre vous deux... c'est ainsi qu'en deuxième année de bacc., par le plus heureux des hasards, je suis tombée sur ce livre, ce fameux ouvrage qui deviendrait ma source d'espoir: "Stress et burn-out en milieu policier" de ce personnage tout aussi étrange que moi: Michel Oligny. Ancien policier de la SQ, ce dernier trouvait que les études en travail social allaient éclairer son parcours... Intéressant me disais-je!!! Au moment de penser à mon second stage, voilà que l'occasion s'est présentée de me rapprocher de toi, chère police. Je t'imaginais parfaite... Je nous voyais mener une longue carrière ensemble. Je me voyais devenir conventionnelle et atteindre le but ultime: l'identité judiciaire... Malheureusement, ce ne fut pas ainsi. Ce rêve est malheureusement mort... voyant tout le sang-froid que ton univers nécessite, chère police, je ne pouvais pas piler sur certaines de mes valeurs, et surtout, je me rendais compte que mes bibittes en lien avec l'alcool au volant faisaient de nous une union impossible... Je ne me voyais pas arrêter quelqu'un qui était ivre au volant, j'ai trop eu mal à perdre de mes proches dans ces circonstances... C'est alors que le plus beau plan B de l'histoire des plans B est survenue: j'allais marcher dans les traces de Monsieur Oligny et devenir moi aussi T.S. en milieu policier... l'union de deux passions... le rêve ultime. **** Il s'en est passé des années, presque 23, chère institution policière, depuis notre premier contact réel. 23 années plus tard, je peux dire que t'en as fait du chemin. T'es plus ouverte à nous, les (vulgaires) civils ;), tu demandes plus d'aide, t'es plus ouverte à parler de démons qui te hantent. Tu m'as permis de t'approcher, comme le Petit Prince s'est approché du renard, petit à petit... pour ne pas t'effrayer... et quand je vois que tu laisses de la place à d'autres de mes collègues qui ne portent pas l'uniforme, je suis fière de te voir grandir. Tu m'as aussi permis de connaître tes autres cousins: les pompiers, les techniciens-ambulanciers et les militaires. Je t'en remercie chère police. J'espère pouvoir te voir encore évoluer d'ici la fin de ma carrière. Merci de m'avoir laissé entrer dans ton monde fermé. Merci de m'avoir permis de devenir cette T.S. un peu champ gauche mais toute aussi passionnée depuis tout ce temps. #police #travailsocial #prévention #suicide #tspt |
|
Copyright © 2018
Toutes les photos utilisées sont libres de droit et proviennent du site https://pxhere.com/
Selon la loi 25, indiquons que Julie Nadeau, T.S., M.S.s. est responsable de la protection des données confidentielles.
Toutes les photos utilisées sont libres de droit et proviennent du site https://pxhere.com/
Selon la loi 25, indiquons que Julie Nadeau, T.S., M.S.s. est responsable de la protection des données confidentielles.